Page:Daudet - Fromont jeune et Risler aîné, 1874.djvu/385

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– Et maintenant, bonsoir… Dors bien. Mais au moment où le vieux caissier allait sortir, son ami le rappela :

– Sigismond ?

– Présent… dit le bonhomme, et il attendit.

Risler rougit légèrement, eut ce mouvement de lèvres de l’homme qui va parler, puis, faisant un grand effort sur lui-même :

– Non, non… rien… Bonsoir, mon vieux.

Dans la salle à manger le frère et la sœur causèrent encore longtemps à voix basse. Planus racontait le terrible événement de la soirée, la rencontre avec Sidonie ; et vous pensez s’il y en eut des « oh ! les femmes !… » et des « oh ! les hommes !… » Enfin, quand on eut fermé à clef la porte du petit jardin, mademoiselle Planus monta dans sa chambre, et Sigismond s’installa, comme il put, dans un petit cabinet à côté. Vers le milieu de la nuit, le caissier fut réveillé en sursaut par sa sœur, qui l’appelait à demi-voix, très effrayée :

– Monsieur Planus, mon frère ?

– Hein ?

– Avez-vous entendu ?

– Non… Quoi donc ?

– Oh ! c’était affreux… Quelque chose comme un grand soupir, mais si fort, mais si triste… Ça venait de la chambre en bas.

Ils écoutèrent. Au dehors, la pluie tombait à torrents, avec ce bruit de feuillages qui donne à la campagne une impression si complète d’isolement et d’étendue.