Page:Daudet - Fromont jeune et Risler aîné, 1874.djvu/389

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– Au fait, hasarda mademoiselle Planus, nous sommes bien bons de nous tourmenter ; il est peut-être retourné à la fabrique tout simplement.

Sigismond secoua la tête. Ah ! s’il avait dit tout ce qu’il pensait.

– Allons, rentrez, ma sœur… Je vais voir… Et le vieux « chai bas gonfianze » partit en coup de vent, sa crinière blanche encore plus hérissée que d’habitude.

À cette heure-là, sur la route de ceinture, c’était un va-et-vient de soldats, de maraîchers, la garde montante, des chevaux d’officiers qu’on promenait, des cantiniers avec leur équipage, tout le train, tout le mouvement qui se fait le matin autour des forts. Planus s’en allait à grands pas au milieu du bruit, quand tout à coup il s’arrêta. Sur la gauche, au pied des talus, devant un petit bâtiment carré où se lit en noir sur le plâtre cru :

VILLE DE PARIS
ENTRÉE DES CARRIÈRES

Il venait d’apercevoir une foule rassemblée et des uniformes de soldats, de douaniers, mêlés aux blouses flasques et terreuses des rôdeurs de barrières. Instinctivement le vieux s’approcha. Au-dessous d’une poterne ronde à barreaux de fer, un douanier assis sur la marche de pierre parlait avec de grands gestes, comme s’il faisait une démonstration :

– Il était là où je suis, disait-il… Il s’est pendu assis,