Page:Daudet - Fromont jeune et Risler aîné, 1874.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

une imprimeuse perfectionnée, quelque chose… enfin on verra. Tout en causant ils entrent dans le jardin, soigné comme un square, avec des acacias en boule presque aussi vieux que l’hôtel, et des lierres magnifiques qui cachent les hautes murailles noires.   À côté de Fromont jeune, Risler aîné a l’air d’un commis qui rend ses comptes au patron. À chaque pas, il s’arrête pour parler, car son geste est lourd, ses idées lentes, et les mots ont bien du mal à lui arriver. Oh ! s’il pouvait voir, là-haut, derrière la vitre du second étage, le petit visage rose qui observe tout cela attentivement…

Madame Risler attend son mari pour déjeuner, et s’impatiente de ses lenteurs de bonhomme. De la main elle lui fait signe – « Allons donc ! » Mais Risler ne s’en aperçoit pas. Il est tout occupé de la petite Fromont, la fille de Georges et de Claire, qui prend le soleil, épanouie dans ses dentelles sur les bras de sa nourrice. Comme elle est jolie.

– C’est tout votre portrait, madame Chorche.

– Vous trouvez, mon bon Risler ? tout le monde dit pourtant qu’elle ressemble à son père.

– Oui, un peu… Mais cependant…

Et ils sont là tous, le père, la mère, Risler, la nourrice, à chercher gravement une ressemblance dans cette petite esquisse d’être qui les regarde de ses yeux vagues, tout éblouis de la vie et du jour. À sa fenêtre entrouverte Sidonie se penche pour voir ce qu’ils font et pourquoi son mari ne monte pas.

À ce moment, Risler a pris le poupon dans ses bras,