Page:Daudet - Jack, I.djvu/228

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taires indispensables. À la nature ensuite de démêler, de caser, de distribuer tout ce fatras.

Le système pouvait être excellent, mais soit qu’il parût trop vaste à l’intelligence de l’enfant, soit que le professeur manquât d’habileté à appliquer ses théories, Jack ne sut pas en profiter. Il était pourtant assez avancé pour son âge, et plus intelligent, malgré son éducation décousue, qu’on ne l’est d’ordinaire à onze ans. Mais ce qu’il y avait de confus, de tumultueux dans ses premières années d’étude, se compliquait encore du système agglomérant auquel son nouveau maître le soumettait. Puis il était terrifié par ce personnage imposant, et surtout, la nature le troublait, arrivait à l’absorber tout entier.

Transporté tout à coup de la petite cour moisie du gymnase Moronval, de l’affreux passage des douze maisons, en pleine campagne, il était saisi, envahi par la vision de la nature et son contact perpétuel.

Quand, aux heures les plus belles de l’après-midi, il se trouvait dans la tourelle en face du professeur et des livres, abîmé sur un gros cahier, dont il voyait danser les lignes, il lui prenait des envies folles de s’échapper, d’enjamber quelque article du règlement dans une école buissonnière ardente, exaspérée de liberté.

Vers les fenêtres ouvertes, mai tout en fleurs envoyait ses parfums, la forêt étendait ses houles verdoyantes, et Jack interrompait sa leçon pour suivre