Page:Daudet - Jack, I.djvu/34

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d’Espagne, la chaleur de l’appartement. Elle se trouva mal.

Il fallut la porter sur son lit, déboucher des flacons de sels, d’éther, pour la ranimer. Mademoiselle Constant s’acquittait de tous ces soins en femme qui connaît ces sortes de crises, allait et venait dans la chambre, ouvrait, fermait les armoires, avec ce beau sang-froid que donne l’expérience, et de l’air de dire : « Ça passera. »

Tout en fonctionnant, elle parlait seule :

— Quelle idée aussi de mener cet enfant chez les Pères… Comme si c’était un pensionnat pour lui, dans sa position… ça ne serait pas arrivé, bien sûr, si on m’avait un peu consultée… C’est moi qui ne serais pas embarrassée pour lui en trouver une pension, et une bonne !…

Jack, tout effaré de voir sa mère dans cet état, s’était rapproché du lit, et la regardait anxieusement, lui demandant pardon du fond du cœur de ce chagrin dont il était la cause.

— Allons ! ôtez-vous de là, monsieur Jack… Votre maman est guérie… Il faut que je l’habille.

— Comment ! Constant, tu veux que j’aille à ce bal… j’ai si peu de cœur à m’amuser…

— Bah ! laissez donc, je vous connais… Il n’y paraîtra plus dans cinq minutes… Regardez-moi ce joli costume de folie, et ces bas de soie rose, et votre petit bonnet à grelots…

Elle avait pris le costume, l’étalait, faisait sonner et