Page:Daudet - Jack, I.djvu/58

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ajouta Labassindre en se penchant dehors pour appeler Saïd d’une voix de tonnerre.

Un hurlement épouvantable lui répondit, suivi de l’apparition du charmant sujet.

On vit entrer un grand collégien basané, dont la tunique, comme toutes ces tuniques, vêtements de durée sur des corps tourmentés de croissance, était trop étroite et trop courte, serrée à la façon d’un caftan, et lui donnait déjà l’air d’un Égyptien habillé à l’européenne.

Ce qui le complétait, c’était une figure assez régulière et pleine, mais dont la peau jaune, tendue à éclater, semblait avoir été distribuée avec tant de parcimonie que les yeux se fermaient d’eux-mêmes quand la bouche s’ouvrait, et réciproquement.

Ce malheureux jeune homme à peau trop courte vous donnait positivement envie de lui faire une incision, une piqûre, quelque chose pour le soulager.

Du reste, il se souvenait très bien du cocher Augustin, qui avait servi chez ses parents, et qui lui donnait tous ses bouts de cigare.

— Que voulez-vous que je lui dise de votre part ? demanda mademoiselle Constant de son air le plus aimable.

— Rien…, répondit simplement l’élève Saïd.

— Et vos parents, comment vont-ils ?… Avez-vous de leurs nouvelles ?

— Non.