Page:Daudet - Jack, II.djvu/183

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heures d’inaction dans la « pharmacie ». Cécile était si vaillante, si travailleuse ! Que penserait-elle de lui, s’il continuait à rester là ? Coûte que coûte, il fallait partir.

Un matin il entra chez M. Rivals pour le remercier et lui faire part de sa résolution :

— Tu as raison, lui dit le bonhomme ; te voilà fort, bien portant, il faut travailler… Avec le livret que tu as, tu auras vite trouvé de l’ouvrage.

Il y eut un moment de silence. Jack se sentait très ému, et aussi un peu gêné par la singulière attention avec laquelle M. Rivals le regardait.

— Tu n’as pas quelque chose à me dire ?… lui demanda le docteur tout à coup.

Jack rougissant, décontenancé, répondit :

— Mais non, monsieur Rivals.

— Ah !… Je croyais pourtant que quand on était amoureux d’une brave enfant qui n’a plus pour parent qu’un vieux bonhomme de grand-père, c’était à lui qu’on devait la demander.

Jack, sans répondre, cacha sa figure dans ses mains.

— Pourquoi pleures-tu, Jack ? Tu vois bien que tes affaires ne vont déjà pas si mal, puisque c’est moi le premier qui t’en parle.

— Oh ! monsieur Rivals, est-ce possible ? Un misérable ouvrier comme moi !

— Travaille à ne plus l’être… On peut sortir de là. Je te dirai comment, si tu veux.