Page:Daudet - Jack, II.djvu/43

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ce qui arrive. Vous leur direz bien, au moins, que ce n’est pas moi qui vous ai aidé à faire cette chose-là.

— Quelle chose ?… Qu’est-ce que j’ai fait ?… demanda Jack avec assurance ; mais il songea que parmi tant de folies, qui ne lui étaient pas toutes présentes à l’esprit, il avait pu en commettre une plus grave que les autres, et il questionna Bélisaire cette fois plus timidement :

— Enfin, de quoi m’accuse-t-on ?

— Ils disent… mais pourquoi me faites-vous parler ? Vous vous en doutez bien de ce qu’ils disent.

— Mais non, je vous jure.

— Eh bien ! ils disent que c’est vous qui avez volé…

— Volé ?… Et quoi donc ?

— La dot de Zénaïde.

L’apprenti, dégrisé complètement, eut un cri d’indignation et de douleur.

— Mais c’est une infamie. Vous ne croyez pas cela, n’est-ce pas, Bélisaire ?

Bélisaire ne répondit pas. C’était la certitude de tout le monde à Indret que Jack était coupable, et les gendarmes qui les avaient arrêtés la veille, en s’entretenant devant le camelot, l’avaient persuadé à son tour. Toutes les preuves étaient contre l’apprenti. Au premier bruit répandu dans l’usine du vol commis chez les Roudic, on avait pensé à Jack qui manquait justement à l’appel du matin. Ah ! le Nantais avait