Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/141

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seigneurs et de dames aux satins éclatants dans la verdure.

Sans doute bien des arbres du parc étaient contemporains de la favorite ; mais les arbres ne parlent pas comme la pierre, ils ne racontent rien, et perdent la mémoire avec leurs feuilles à chaque mouvement de saison. Tout ce qu’on sait de l’ancien château, c’est qu’il devait dominer la propriété et que les communs occupaient au bord de l’eau la place où s’élève aujourd’hui la maison moderne, restaurée et agrandie par les Autheman.

Malheureusement, quelques années après leur installation, ils eurent à subir, comme tous les riverains entre Paris et Corbeil, le passage du chemin de fer qui a tranché tout le long de la Seine tant de riches domaines d’autrefois. La voie d’Orléans passa juste devant le perron intérieur, le séparant des corbeilles fleuries, abattant deux sur quatre des magnifiques paulownias qui ombrageaient le parterre. Et à toute heure du jour, dans la splendide propriété ouverte aux deux bouts, reliant par de légers ponts de fer ses tronçons coupés, les trains jetaient leur vacarme de ferraille et leur fumée longue, encadrant à