Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/167

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La catéchumène inclina la tête de ce côté pour dire que oui, qu’elle allait parler ; et l’effort fut tel qu’on entendit comme un craquement, le déroulement d’une chaîne d’horloge dans son cou.

« Oune nuit dans le larme !… » commença-t-elle, mais si bas que personne n’entendit.

« Plus fort ! » commanda la voix de tout à l’heure. Alors, elle se lança, et d’une haleine, avec un accent anglais épouvantable : « J’avais très beaucoup souffert pour le croyance de Jiésou ; et je volais raconter vos le long patience j’avais suppoté. »

Au Palais-Royal, c’eût été un fou rire. Ici, on s’interrogeait avec stupeur : « Qu’est-ce qu’elle dit ? » Sur l’estrade, Mme Autheman et Anne de Beuil chuchotaient. Puis la présidente appela : « Éline Ebsen !… » avec un signe de venir auprès d’elle. La jeune fille hésitait, regardait sa mère.

« Allons !… »

Elle obéit comme dans un rêve, comprit qu’on lui demandait de traduire à mesure le témoignage que Watson prononcerait dans sa langue. Elle, que deux personnes à côté de son piano paralysaient, parler là, devant ce