Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/198

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Lorie ayant installé le pliant de Mme Ebsen devant une bordure d’iris dont elle aimait les teintes satinées et le parfum aquatique, proposa à Éline de marcher un peu. Elle accepta vivement, fiévreusement, au contraire des autres jours où elle semblait éviter un tête à tête. Le pauvre homme ne cachait pas sa joie. Il prenait une allure fière qui le rajeunissait, tandis qu’ils s’éloignaient dans le jardin anglais et croisaient d’autres couples, des fiancés peut-être comme eux. S’épuisant en belles phrases, il remarquait à peine le mutisme de la jeune fille, qu’il prenait pour une réserve, plus grande maintenant que le mariage approchait. Car, sans que le jour fût fixé encore, on avait dit : « Aux vacances, » pour, que les élèves parties, les cours fermés, on eût le temps d’une installation. Aux vacances ! et l’on était en juillet…

Ah ! le beau juillet rayonnant de soleil et de promesses. L’amoureux en était ébloui, aveuglé, comme ces vitres, au couchant, qui flamboyaient entre les branches, là-bas vers le boulevard, et faisaient à leur promenade un horizon illuminé.

« Non… joue devant… » dit Éline à la petite Fanny venant se serrer contre elle. L’enfant