Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

obéit, se remit à courir dans le vol des hirondelles et les pépiements des pierrots qui sautillaient jusque sous les pas des promeneurs, allaient des arbustes aux statues, sur la crinière du lion de Caïn ou le doigt levé de la Diane. Le jour descendait. Des ombres lilas couraient à terre. Éline les suivait, le regard baissé, et, tout à coup :

« J’ai appris quelque chose qui m’a fait de la peine… Il paraît que Maurice se prépare à sa première communion… »

En effet, Maurice venait d’écrire à son père qu’il allait au catéchisme à Petit-Port et que le curé était tout fier d’avoir un communiant cette année. Mais en quoi cela pouvait-il la fâcher ?

« On devait m’en avertir d’abord, » dit-elle sévèrement, « et je ne l’aurais pas permis… Puisque je dois être la mère de ces enfants, puisque vous voulez que je les guide dans la vie, j’entends qu’ils aient la même religion que moi, la seule, la vraie… »

Était-ce bien Lina, la charmante fille au placide sourire, qui parlait de ce ton sec et volontaire ? Était-ce bien elle encore qui disait « Va-t-en » d’un geste dur à l’enfant revenue vers