Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/211

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leur petite maison de la rue Val-de-Grâce sa vie calme et contemplative du Mézenc. « En haut de la côte !… » C’est ainsi qu’il exprimait son bien-être présent gagné par tant de peines, de privations morales, et dont il jouissait en gourmet de la vie, malheureux seulement quand son cher tyran le quittait et courait les routes malgré son âge pour aller voir un des garçons.

Ni distances ni fatigues, rien ne la rebutait, la petite vieille. Tantôt Paul le major, aux grandes manœuvres, la voyait apparaître au milieu du camp, se débrouillant dans les numéros des bataillons, des compagnies, courant aux portes des tentes. Tantôt l’ingénieur de Commentry, à l’entrée des galeries noires, l’aidait à descendre du panier des mineurs. « Tiens ! voilà maman… »

En ce moment encore, la mère Aussandon était en voyage. Sans cela jamais le doyen n’eût travaillé si tard à sa fenêtre ouverte. Il préparait sa leçon du lendemain, calme, recueilli ; et cette idée qu’il était seul engagea tout à coup Lorie à venir le trouver. Il n’eut que le jardin à traverser ; un coup léger à la porte, et le cabinet de travail s’ouvrait, confortable, tapissé de livres non reliés, un grand portrait de Mme Aussandon