Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/268

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douce sur ces cheveux fins. D’autres fois, en voyant la transformation de l’enfant, le gros fichu qui l’engonçait, son petit bonnet, ses sabots, ses menottes rougies et glacées comme des pommes d’automne, elle sentait la tristesse qui nous vient en présence d’une dégradation morale ou physique.

Chez Maurice, cela s’accentuait encore. Du futur aspirant que l’on produisait brillamment dans les salons de la sous-préfecture, il ne restait qu’une casquette en loques sur un gros garçon de campagne, balourd et vermeil. Il se destinait toujours à Navale ; mais, pour le moment, débarrassé des études par l’approche de la première communion, il menait en dehors du catéchisme une délicieuse existence de flâneur du bord de l’eau, troublée seulement par les chasses que lui donnait le jeune Nicolas de Port-Saveur, à chaque sortie du presbytère… Oh ! ce Nicolas… Il en rêvait la nuit, le malheureux enfant, et le jour, en faisait des récits terribles à sa petite sœur qui s’indignait de le voir si capon, lui un futur officier.

« Tu verrais, si c’était moi !… »

À l’écluse, tout le monde en parlait de ces