Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/339

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cette toilette solitaire de l’église, comme un théâtre le rideau tombé.

Aussandon presse le pas, entre dans le vestiaire, et s’arrête au seuil, épouvanté. Sa femme est là. Elle a tout vu, tout entendu, et au bruit de la porte se précipite, la mâchoire avancée, le chapeau terriblement en bataille sur ses cheveux grisonnants.

« Bonne… » bégaie le pauvre doyen effondré. Elle ne lui en laisse pas chercher plus long :

« Ah ! mon ami… mon cher mari… brave homme !… »

Et elle se jette dans ses bras en sanglotant.

« Comment !… tu sais ? »

Oui, oui, et il a bien fait, et cette voleuse d’enfants n’a que le châtiment qu’elle mérite.

Magie de la voix et des mots ! C’est avec sa parole qu’il a retourné ce petit être tout d’intérêt, mais si maternel, frappée au point sensible.

« Bonne… Bonne… »

Trop ému pour pouvoir parler, il a pris la petite vieille contre son cœur, et l’étreint, l’engloutit dans les grands plis de sa robe noire.

Ah ! ils peuvent bien le destituer, l’envoyer où ils voudront maintenant que