Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/342

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

– M’enfermer !… mais je ne suis pas folle…

– Il y a un certificat de Falconnet… je l’ai vu…

– Un certificat ?… Falconnet ?…

– Oui, l’aliéniste… Vous avez dîné avec lui…

– Moi ? J’ai dîné !… » Elle s’arrêta, poussa un cri. « Ah ! mon Dieu… »

Un jour chez Birk, ce vieux monsieur décoré, si poli, qui l’avait tant fait causer de Mme Autheman et des fèves de Saint-Ignace… Ah ! misérable Birk, voilà donc cette chose mystérieuse et terrible dont il la menaçait… Enfermée avec les folles, séquestrée comme le mari de cette femme, là-bas… Et tout à coup, prise d’une peur effroyable, une tremblante peur d’enfant poursuivi : « Mon ami, mon ami… défendez-moi, ne me laissez pas… »

Lorie la rassurait de son mieux. Certainement, non, il ne l’abandonnerait pas, et pour commencer, il allait l’emmener, la cacher chez une amie. Il avait pensé à Henriette Briss, toquée mais obligeante. Pourvu qu’elle n’eût pas quitté Paris… Pendant qu’il envoyait chercher un fiacre, Mme Ebsen, éperdue comme dans un incendie, quand tout est rouge et que les vitres éclatent,