Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/353

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d’or cerclant des bandeaux d’acajou, et des semis d’étoiles sur toutes les coutures. Mme Ebsen s’installait souvent près de sa chaise ; elle s’amusait de lui voir faire son coloriage, découper ses grandes feuilles d’or pour les ornements, les emblèmes appliqués d’une main légère sur les statuettes enduites de résine et d’huile.

Tout en s’activant, l’ouvrière causait du dernier discours de Magnabos sur la tombe d’un frère, de son succès, des journaux qui parlaient de lui. Et si bon, toujours content et d’égale humeur, même quand il rentrait avec un verre de trop, les jours de grand enterrement. Non, de femme aussi heureuse qu’elle… Et elle disait cela, la vaillante, en se tenant la tête de la main gauche et fermant les yeux de douleur pendant qu’elle badigeonnait la tiare de Saint-Ambroise… de femme aussi heureuse, il n’y en avait jamais eu.

Il ne lui manquait qu’un enfant, pas un garçon, parce que, les garçons, ça s’en va toujours, mais une petite fille qu’elle aurait appelée MALTHIDE, coiffée en frisons comme Saint-Jean, gardée près d’elle du matin au soir dans l’atelier où elle se trouvait souvent un peu seule.