Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/78

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qu’elle le trouvait excessivement pratique.

« Il y a huit jours, avec la princesse Souvorine qui l’emmène comme dame de compagnie… Une position superbe… pas d’enfants…

– Elle doit être contente ?

– Désespérée… nous avons reçu de Vienne une lettre !… Elle regrette son bagne de la rue du Cherche-Midi… Ah ! la pauvre Henriette !… » Et revenant à sa visite du matin, à ce reproche qu’on leur avait fait de ne pas vivre assez avec Dieu. « D’abord, pour Lina, ce n’est pas vrai… Tous les dimanches, elle a son orgue rue Chauchat et ne manque pas une assemblée. Quant à moi, est-ce que j’ai jamais eu le temps d’être dévote ?… J’aurais voulu la voir, cette demoiselle de Beuil, avec une vieille mère et un enfant sur les bras. Il fallait courir le cachet dès le petit jour, par toutes les saisons, à tous les bouts de Paris. Le soir, je tombais comme une pierre, sans la force d’une prière, d’une pensée. Mais est-ce que ce n’était pas de la piété aussi de procurer jusqu’au bout une heureuse existence à maman, et à Lina une belle éducation dont elle profite à présent ? Ah ! chère petite, elle n’aura