Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/86

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ménagers à l’adresse de Romain et de Sylvanire, toutes les inquiétudes de la mère absente. Puis, peu à peu, c’étaient des plaintes, des énervements maladifs. Bientôt venait la colère, et les désespoirs, les révoltes contre la destinée qu’elle sentait impitoyable, à peine voilée par le mensonge des médecins.

Au milieu des cris de douleur et des sanglots, toujours le souci de la maison, des enfants ; un post-scriptum pour Sylvanire : « N’oubliez pas de faire carder les matelas. » Et l’écriture jaunie, qui parfois imbibait le papier comme mêlée de larmes, marquait aussi par ses tremblements, ses hésitations, ses grossissements de main trop faible, les progrès sinistres de la maladie. Celle de la dernière lettre ne ressemblait pas plus à l’écriture de la première, que le triste visage tiré et raviné, qui lui était apparu dans la chambre aux murs crépis des closiers d’Amboise, ne rappelait la femme qu’il avait embarquée un an auparavant, à peine touchée par le mal encore intérieur, et dont la fraîcheur mûre faisait retourner les mariniers du port.

Cette lettre-là, Valentine l’avait écrite derrière