Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/109

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À dix heures du soir, par l’ordre du préfet, le commandant de la gendarmerie d’Indre-et-Loire lançait plusieurs brigades dans toutes les directions, jusqu’à vingt-cinq lieues au delà de Tours et partout sur leur passage, les gendarmes faisaient sonner le tocsin. En même temps, des courriers spéciaux partaient pour Paris, apportant à Fouché, ministre de la Police, et au général Radet, inspecteur général de la gendarmerie, la nouvelle de cette dramatique aventure, ainsi que les premiers renseignements recueillis sur les circonstances en lesquelles elle s’était accomplie.

Ces renseignements ne disaient rien d’important ni de révélateur. Ils tenaient en peu de lignes et se résumaient comme suit : « Les bandits, leur forfait consommé, se sont dirigés vers la forêt de Loches. Les chemins qui d’Azay-sur-Cher y conduisent leur étaient inconnus. Ils s’en sont enquis auprès de divers individus rencontrés sur leur route et qui sont venus en déposer aussitôt. En traversant le village d’Athis, ils ont enlevé de son domicile le citoyen Petit, chirurgien. Il s’est vu contraint de leur servir de guide. À diverses reprises, ils ont exprimé violemment le regret de ne pas aller assez vite. Après avoir renouvelé plusieurs fois au postillon leurs observations et leurs reproches à ce sujet, l’un d’eux s’est élancé sur le siège, à côté de lui, lui a arraché les guides des mains, en disant :

« – Tu vas voir comme je conduis et que je suis aussi bon cocher que toi.

« À l’entrée de la forêt de Loches, un essieu s’est brisé. Les bandits se sont alors décidés à abandonner la voiture. Après en avoir fait descendre leur prisonnier, ils ont renvoyé le postillon avec un des chevaux de l’attelage. M. Clément de Ris a été invité à monter sur l’autre. Ils se sont éloignés en l’entraînant ainsi que le