Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/111

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Cette conviction devint celle de Bonaparte. Par ses ordres, une active surveillance fut exercée sur le personnel royaliste. En Touraine, plusieurs individus furent arrêtés, on les envoya à Paris. Conduits au Temple, on les y retint durant plusieurs mois, encore que leur entière innocence résultât des interrogatoires qu’ils avaient subis et même après que les vrais coupables eurent été découverts.

En même temps, la police veillait aux abords de la maison de M. Clément de Ris à Paris, et de celles de ses principaux amis. Il était à craindre, en effet, que les voleurs tentassent de s’introduire dans son appartement pour le dévaliser ou de lui arracher à lui-même, dans le lieu où ils l’avaient séquestré, quelque lettre invitant les personnes en relation avec lui ou ses domestiques à payer sa rançon. « Il faut qu’en ce cas, écrivait Fouché, les agents de la police soient à portée d’en être avertis et que les auteurs de ces tentatives d’intimidation soient saisis à l’instant. » On verra bientôt que les pressentiments de Fouché ne le trompaient pas et que c’est uniquement en vue de se procurer des fonds, soit pour se les approprier, soit pour grossir les ressources des insurrections futures, que les auteurs de l’enlèvement d’Azay-sur-Cher avaient organisé leur criminelle entreprise. À en juger d’ailleurs par les lettres anonymes que recevaient au même moment divers propriétaires de Touraine et qui les menaçaient du même sort que M. Clément de Ris, l’attentat dont avait été victime ce dernier n’était que l’effet « d’un brigandage combiné », le prélude d’attentats semblables qu’il importait de prévenir.

Fouché ne s’en tint pas à ces mesures. Pressé de retrouver les traces du sénateur, il recourut à Bourmont, qui s’était fait, à diverses reprises, intermédiaire entre