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LE MEURTRE D’AUDREIN

ÉVÊQUE CONSTITUTIONNEL DE QUIMPER

I

Quelques semaines après l’aventure du sénateur Clément de Ris, le 19 novembre 1800, vers huit heures du soir, dans une salle de la résidence épiscopale de Quimper, l’ancien conventionnel Audrein, évêque constitutionnel du diocèse, attendait le départ de la diligence de Brest, qui devait le déposer à Morlaix, où il était attendu le lendemain pour donner la confirmation. Au seuil de cette nuit brumeuse et froide, sa solitude lui pesait. Elle emplissait son esprit de réflexions douloureuses, et, malgré lui, le ramenait vers son passé de prêtre apostat et de régicide, ce passé qui, maintenant, se dressait sur sa tête et menaçait de l’écraser.

Le département du Finistère n’avait point participé aux campagnes royalistes de l’Ouest. Tandis que le Morbihan, les Côtes-du-Nord, la Vendée prenaient les armes, il demeurait sourd aux pressants appels des insurgés, défendait contre eux ses frontières, que ses gardes nationales ne franchissaient qu’à de rares intervalles, pour aller au delà aider à la répression des soulèvements. « Pressé entre les Anglais et les chouans, est-il