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L’AGENCE ANGLAISE DE BORDEAUX

I

Dans les premiers jours du mois d’août 1804, moins de six semaines après l’exécution de Georges Cadoudal, alors que la police traquait dans le Morbihan les derniers insurgés et se croyait au moment d’en finir avec eux, elle recevait du préfet de Nantes un avis qui la jetait en de nouvelles alarmes. Ce fonctionnaire signalait divers symptômes d’agitation en Vendée. Plusieurs anciens chouans, dont on avait depuis longtemps perdu les traces, venaient de reparaître dans le Bocage, et parmi eux des hommes considérés comme redoutables : Henri Forestier, le chevalier de Céris, Duchesne-Chénier et Bertrand-Saint-Hubert. Des rapports s’étaient aussitôt établis entre eux et divers individus fixés dans le pays, que leur passé de brigands devait, à toute alerte, exposer aux soupçons, bien qu’ils eussent bénéficié de l’amnistie générale proclamée en 1800, lors de la pacification de la Vendée. À la suite de conférences secrètes, ceux-ci s’étaient mis en campagne dans un but mystérieux.

Le commissaire général de police de la Loire-Inférieure dénonçait leurs allées et venues. L’un d’eux, des plus ardents au temps de la chouannerie, Turpault,