Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/158

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un blâme pour avoir laissé à son collègue de la Loire-Inférieure le soin de faire parvenir à la police des avertissements qu’il eût dû être le premier à transmettre. À l’ordre qui lui était donné d’arrêter les coupables s’ils étaient à sa portée, Réal ajoutait : « Lorsque vous ferez de pareilles arrestations, ayez toujours bien soin de saisir les papiers des individus arrêtés et de suivre bien exactement le fil des manœuvres criminelles qu’ils pourraient vous indiquer. »

Du reste, à l’heure où ces conseils arrivaient au préfet de la Vendée, son opinion était faite. L’enquête à laquelle il s’était livré tardivement venait de l’édifier sur la culpabilité de Gogué. Il avait expédié la gendarmerie à Boussaye pour s’emparer du médecin. La gendarmerie arriva trop tard. On pensa que Gogué s’était réfugié aux environs de Nantes. « Je vous invite à donner les ordres pour s’assurer de la personne de Gogué, écrivait le 29 août le préfet de la Vendée à son collègue ; si je n’avais donné ma parole d’honneur de ne pas profiter des déclarations qui viennent de m’être faites confidentiellement, dès aujourd’hui je vous donnerais la preuve que c’est un conspirateur. Sans manquer à mes engagements, je puis vous assurer que j’en ai toutes les présomptions. » Des ordres analogues étaient envoyés de toutes parts en ce qui touchait les divers individus sur qui venaient d’être appelés les soupçons de la police.

Pendant ce temps Réal achevait de confesser l’abbé Jacqueneau. Celui-ci confirmait ce qu’on savait déjà d’un commencement d’embauchage, pratiqué parmi de jeunes propriétaires de Bretagne et de Vendée, à l’effet de les rallier à la cause royale. Il ne désignait aucun de ceux qui s’étaient laissés enrôler. Mais la police était frappée par la présence à Paris d’un grand nombre de gens venus des départements de l’Ouest « en une saison