Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/164

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chevalier de Céris. Henri Forestier, fils d’un cordonnier de La Pommeraye-sur-Loire, et qui, dans l’émigration, se faisait appeler marquis de Forestier, était né en 1775. Élevé par un gentilhomme breton, M. de Dommaigne, il avait dix-sept ans quand éclata l’insurrection vendéenne. Son protecteur ayant organisé un corps de cavalerie aux ordres de Henri de La Rochejaquelein, Forestier le suivit comme volontaire. Sa belle mine, son courage, une audace indomptable l’eurent bientôt fait remarquer. L’année suivante, il commandait la légion dans laquelle il avait d’abord servi comme simple soldat. Plus tard, cette légion s’étant grossie des compagnies éparses de la cavalerie vendéenne, il en cédait le commandement au prince de Talmont, mais restait à côté de ce dernier avec le titre de général en second. On le retrouve ensuite un peu partout avec Stofflet, avec Puisaye, avec Georges Cadoudal, et toujours donnant l’exemple de la plus téméraire vaillance. Le 30 août 1799, il est grièvement blessé à l’attaque de Cirières, en Vendée. Sa blessure l’oblige à abandonner momentanément la vie active. Il reste dans l’ombre, et ne reparaît plus qu’après la pacification de 1800. Peu de temps avant la conspiration de Georges, il était à Lyon, revenu récemment d’un long voyage à travers l’Europe, durant lequel il s’était mis en rapports directs avec le comte de Provence et le comte d’Artois et avait été présenté à la cour d’Espagne.

Déjà, à cette époque, la police le soupçonnait de conspirer. Elle saisit bientôt des preuves qui confirmèrent ses soupçons. Le général Moncey, directeur de la gendarmerie, reçut l’ordre de le faire arrêter et fusiller sans jugement. Cet ordre, c’est Conchery, chef de division dans les bureaux de Moncey, qui fut chargé de l’expédier à Lyon. Or, Conchery était de cœur avec les chouans. Il fut même convaincu bientôt après d’avoir