Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/181

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« Je n’ai pas voulu laisser partir le brave et fidèle Jean-Marie sans lui remettre un petit mot pour vous. La mission dont il est chargé est plus conséquente que celles qui ont précédé et si Dieu ne nous abandonne pas, nous aurons au moins la satisfaction de combattre pour la bonne cause que nous servons. Prudence, exactitude sur le véritable état des choses et des esprits fermeté et union, telles sont les importantes instructions que je donne à vous et à vos loyaux compagnons. »

D’autres lettres qui ont disparu avaient été apportées de Londres au chevalier de La Haye Saint-Hilaire par Bertrand-Saint-Hubert, cet officier vendéen que Georges accusait d’avoir voulu l’assassiner. Rentré en grâce auprès des chouans, Bertrand-Saint-Hubert avait été compromis dans l’affaire de l’agence anglaise de Bordeaux. À la veille de sa comparution devant la commission militaire de Nantes qui le condamna par contumace il s’était enfui de l’hôpital et réfugié à Londres, où il s’employait depuis au service de la correspondance.

Avertie du retour de La Haye Saint-Hilaire par le préfet de Vannes, la police mit sa tête à prix et fit répandre de tous côtés son signalement conservé dans les pièces relatives à la conspiration de Georges. « Trente ans, un mètre soixante-deux, visage rond et plein, un peu gravé, joues colorées, nez bien fait, bouche ordinaire, lèvres colorées, belles dents, beaux yeux bruns, vifs, sourcils très marqués, barbe noire bien marquée, sans être forte, cheveux à la Titus coupés ras derrière, descendant peu sur le front ; quand il parle, il tousse très souvent du nez, marchant très droit, l’air vif, le cou pas très long. » Pour que le signalement fût complet, il eût fallu y ajouter le costume. Par malheur, en fait de costume, la police en était encore à celui que portait La Haye Saint-Hilaire en 1804, lorsque, venu à Paris avec Georges,