Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/194

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brigands, il devait faire courir la gendarmerie et mettre tous les moyens en œuvre pour les arrêter par la force. Ce qui pouvait arriver ensuite ne pouvait être prévu par personne. Quelque précieuse que soit la vie d’un évêque, d’un citoyen, d’un magistrat, quand c’eût été le fonctionnaire le plus élevé en dignité et le plus précieux à l’État, il n’avait pas le droit de compromettre l’autorité et de déshonorer ainsi la loi. »

Des renseignements ultérieurs envoyés de Vannes modifièrent bientôt les dispositions de l’Empereur. Il rendit plus de justice au préfet comme à l’évêque. Il reconnut qu’ils avaient tenu l’un et l’autre la seule conduite qui fût possible, étant données les circonstances en lesquelles ils s’étaient trouvés. Déjà d’ailleurs à Paris et en Bretagne, la police était sur pied pour atteindre La Haye Saint-Hilaire et ses complices.

Dès le premier moment, Fouché, bien qu’il ne connût que leur chef, peut-être même parce qu’il le connaissait, soupçonna que l’abbé Guillevic avait figuré parmi eux, sinon comme auteur de l’attentat, du moins comme inspirateur. Il n’en douta plus, lorsque, par ses espions de Londres, il apprit l’arrivée de l’abbé dans cette ville. Celui-ci y faisait des gorges chaudes de la mésaventure de Mgr de Pancemont ; pour amuser les émigrés il leur en racontait les détails ; à l’appui de ses dires, il leur montrait l’anneau pastoral enlevé à l’évêque. La Haye Saint-Hilaire le lui avait remis pour en faire argent. Il n’était venu en Angleterre qu’afin de le vendre. On verra bientôt quelle déconvenue l’attendait à cet égard.

Les premiers efforts de la police pour trouver les coupables furent vains. Malgré le zèle qu’elle déployait, ces efforts accusèrent si vivement son impuissance que l’Empereur, pour mettre un terme aux excès de la chouannerie dans le Morbihan, résolut de recourir de