Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/208

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furent l’objet, alors que lui-même était déjà frappé par le verdict sommaire d’une juridiction spéciale.

Mis en rapport avec Mme  Aquet de Férolles, au moment où elle venait de se séparer de son mari, il prit parti pour elle dans le monde, la défendit, gagna son cœur à force de bons procédés. Elle se laissa séduire par ce beau garçon éloquent et persuasif, resplendissant de jeunesse et de force, qui lui-même s’éprit de cette petite brune impressionnable et passionnée, devenue pour lui une maîtresse d’autant plus agréable qu’elle lui obéissait aveuglément et eût donné sa vie pour lui prouver son amour. Tel était l’homme que le vicomte d’Aché rencontra parmi beaucoup d’autres chez la marquise de Combray et qu’il eut bientôt jugé comme le plus entreprenant.

Tous ces gens, peu ou prou, s’étaient compromis dans les conspirations royalistes. Appliqués à poursuivre le même but, c’est-à-dire le renversement de l’Empereur et le retour du Roi, ils se lièrent avec le vicomte d’Aché dès qu’ils le connurent. Armand Le Chevallier se déclara prêt à mettre à son service l’influence et les forces dont il disposait. À s’entretenir de leurs espérances, ils s’exaltaient, rêvaient de victoires prochaines, ajoutaient foi aux promesses du vicomte d’Aché. Tandis que celui-ci recevait de Londres les instructions inspiratrices de sa conduite, il fut amené à porter le centre de ses opérations chez la marquise de Combray, où il alla vivre, après s’être assuré qu’il y serait en sûreté.

Au-dessous de ce personnel d’élite, il en existait un autre, formant une armée toute prête pour l’insurrection : des déserteurs et des réfractaires échappés aux dernières levées de conscrits, qui vivaient en vagabonds dans les campagnes, aux abords des villages où, dans tout habitant, ils se savaient un complice et où, la nuit