Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/217

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taillés sur le patron de celui-ci se comptent par centaines dans l’histoire des insurrections bretonnes et normandes. Mais on ne possède, pour le plus grand nombre d’entre eux, d’autres détails authentiques que ceux qu’après s’être emparée de leur personne la police a tirés de leurs interrogatoires. S’ils sont parvenus à se soustraire à ses recherches, ils restent pour nous des inconnus dont nous ne soupçonnerions pas l’existence si l’on n’en retrouvait la trace dans les récits contemporains. C’est le cas du général Antonio, dont nous ne savons guère que ce qui en a été dit à l’occasion des événements que nous racontons. Et ce qui en a été dit n’ayant été soumis à aucun contrôle, puisqu’il ne fut jamais pris, on ne saurait affirmer que c’est la vérité. Il paraît cependant de toute évidence qu’en lui imputant, antérieurement à l’affaire qui nous occupe, des vexations quasi barbares contre les acheteurs de biens nationaux, des faits d’assassinat et de pillage sur les grandes routes et dans des maisons habitées, on ne l’a pas calomnié. Il vivait caché aux environs de Caen où sa fille allait et venait librement.

Le vicomte d’Aché le connaissait. Ils étaient tombés d’accord sur la nécessité de recommencer la chouannerie. Ils avaient même, à l’exemple de Georges Cadoudal et après l’échec de ses tentatives, formé le projet d’aller ensemble à Paris, de se défaire de l’archichancelier de l’Empire, du gouverneur de la capitale, du ministre de la Police et, après s’être saisis des membres de la famille impériale, de les garder en otage jusqu’après le rétablissement du Roi. Sûr des opinions du général Antonio, confiant dans son énergie, le vicomte d’Aché, avant son départ pour l’Angleterre, l’avait désigné à Le Chevallier, qui s’en remit à lui du soin d’exécuter le coup de main.