Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/266

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format, toute couverte, en ses quatre pages, d’une grosse écriture et signée : « Brunelle Hély de Combray de Bonneuil » ; témoignage indéniable de la crédulité puérile de la marquise et de la rouerie de Liquet. Maintenant, il avait une preuve contre elle. C’était le couronnement de ses longs efforts. Il en sollicita la récompense. « Je sers le gouvernement depuis vingt et un ans ; je suis hérissé de titres, père de famille et considéré des autorités. Je n’ambitionne que l’honneur et j’ose en demander le signe. » Il le méritait bien. À quelques exceptions près, tous les coupables étaient en prison, tous les éléments de l’instruction judiciaire réunis, transmis au parquet de la Cour de Rouen, dont l’œuvre allait commencer.

Parmi les gens dont l’arrestation suivit celle de Mme Aquet de Férolles, il faut citer son mari, que Réal fit conduire à Paris. Mais cette arrestation ne constituait qu’une mesure de prudence. « M. le conseiller d’État Réal a fait amener à Paris M. Aquet de Férolles pour qu’il ne nuisît point aux opérations relatives à sa femme qu’il dit passée en Angleterre. On sait qu’il est étranger au délit de son épouse. Mais M. le conseiller d’État Réal croit nécessaire de le tenir éloigné. Son Excellence a approuvé que M. Aquet de Férolles fût détenu et le fût au Temple. Je joins ici l’ordre et je ferai donner à M. Aquet de Férolles sa parole de ne point écrire ou de me le communiquer. Voilà la seule précaution à prendre jusqu’au moment, sans doute très prochain, de la mise en liberté. »

Les pièces qui sont sous nos yeux ne disent pas si, dans la prison du Temple, Aquet de Férolles rencontra Armand Le Chevallier. À la fin de 1807, ce dernier s’y trouvait toujours, tenu au secret le plus rigoureux, en attendant d’être transféré à Rouen quand l’état de l’instruction