Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

parcoururent les rochers qui bordent la côte à Saint-Cast. Ils marquèrent divers endroits où Chauvel devait déposer les papiers qui lui seraient remis pour être expédiés à Jersey. Un bateau de Jersey devait les prendre.

Ces mesures arrêtées, Chateaubriand n’avait plus qu’à partir. On était au 29 septembre. Il avait ordonné à Quintal de revenir ce jour-là. Mais ce fut en vain qu’il l’attendit. Il demeura aux aguets durant cinq nuits sans rien voir apparaître. Il dut se résigner à patienter jusqu’à la date qu’il avait fixée lui-même à Quintal. Après être resté caché dans la maison de Boisé-Lucas, sans en sortir, sans voir personne, il revint à son poste d’attente dans la soirée du 15 octobre. Le bateau ne se montra ni cette nuit, ni les trois suivantes. Chateaubriand se voyait acculé à la nécessité de retourner à Jersey par une autre voie. Mais laquelle ? Il songeait, dès ce moment, à se la procurer.

Pendant ce temps, lui arrivaient peu à peu les renseignements qu’il était venu chercher en France. Il reçut de Brest un rapport de M. de Goyon-Varouault. Celui-ci, qu’il ne connaissait pas, ne savait pour le compte de qui il agissait. C’est du moins ce qu’il prétendit plus tard, et ce que Boisé-Lucas fils affirma de son côté. Son rapport n’en contenait pas moins les détails les plus précis sur les fortifications de Brest, les forces qui les gardaient, les moyens de s’en emparer. Il se borna d’ailleurs à cette unique communication.

Celles de Boisé-Lucas fils furent au contraire nombreuses. Il écrivait fréquemment à Chateaubriand. Il ne lui dissimulait pas les dangers auxquels il s’exposait pour le servir. « Une seule lettre décachetée à la poste et je suis perdu. » Néanmoins, il s’acquittait résolument des commissions confiées à son zèle. Il s’était rendu chez les destinataires des lettres de Larivière. Il racontait ses