Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/322

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toit, se ramasse dans sa cellule, n’en ressort plus… » Il ne fallait pas songer à lier partie avec lui. Boisé-Lucas le comprit et y renonça.

Il trouva meilleur accueil chez l’abbé Sicard. Le vénérable prêtre, – il avait soixante-sept ans, – gardait un souvenir vivace des amitiés d’autrefois. Il aimait Larivière. Il aimait aussi les Bourbons. Il lut avec attendrissement la lettre de son ami, promit non seulement de lui répondre, mais encore de le tenir au courant des choses de France. Il convint avec Boisé-Lucas d’un signe de reconnaissance pour les lettres qu’il expédierait en Angleterre. Larivière devait adresser les siennes, au nom de Bécasseau, poste restante à Paris. On trouve ces détails dans la correspondance du fils Boisé-Lucas avec Chateaubriand. On y trouve encore d’assez piquants tableaux de Paris, celui-ci par exemple : « On croirait maintenant en vérité au sein de Paris être tombé dans celui de Lacédémone. Vous n’y trouveriez plus, si vous y rentriez, cette frivolité brillante qui faisait parler sur tout sans songer à rien et ce penchant qui portait chaque individu à fournir sa carrière en la parsemant de plaisirs… Les uns sont ruinés ; les autres ont perdu leurs enfants par l’effet des conscriptions ; les autres sont dévorés de jalousie, convoitent la fortune subite de leurs voisins. D’autres enfin jouissent du comble des faveurs et sont tourmentés par la conscience qu’ils ne les méritent pas ou par la crainte de les perdre. »

Par malheur pour lui, l’aimable étudiant ne s’en tint pas à ces descriptions inoffensives. Il exprima sous des formes malveillantes pour le gouvernement impérial l’opinion des Parisiens. « Pour ce qui est de la guerre d’Espagne, ils pensent que c’est une usurpation atroce exercée contre un souverain allié, sous les couleurs de la générosité. On croit que l’Espagne sera à la fin subjuguée,