Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/327

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prête à être mise à la poste, rien n’y manquait. La police tenait toutes les preuves du complot. Elle allait bientôt tenir les coupables.

Goyon-Varouault fut arrêté à Brest, Boisé-Lucas père à Saint-Cast. Le fils, rentré à Rennes, avait repris ses études. En apprenant l’arrestation de son père et son transport à Saint-Brieuc, il demanda un congé au doyen de la Faculté et partit pour cette ville. Il fut incarcéré en y arrivant. Le gendre, M. de Bergerac, avait été arrêté aussi. Mais nulle preuve n’existant à sa charge, on le relâcha.

Le premier interrogatoire des prévenus en révéla assez pour confondre Chateaubriand et le contraindre à renoncer à son système de défense. Non seulement son identité était établie, mais encore les dépositions de Quintal, de Chauvel et de Depagne dénonçaient formellement toute sa conduite.

De Saint-Lô, on le ramena à Rennes. De cette ville, on l’envoya à Paris, au commencement de février. Il y arriva dans la journée du 5 février, passa la nuit à la Force. Le lendemain, il fut conduit au ministère de la Police, où Réal l’interrogea, puis écroué à l’Abbaye où, un mois plus tard, ses complices, au nombre de six, Goyon-Varouault, Boisé-Lucas père et fils, Chauvel, Quintal et Depagne, vinrent le rejoindre. Le capitaine de vétérans Bertrand dirigeait l’instruction comme juge rapporteur de la commission militaire instituée par un décret impérial du 25 février pour connaître de l’affaire. Cette commission devait être présidée par le général de Bazancourt, un des juges du duc d’Enghien.

Chateaubriand ne contesta aucun des faits pour lesquels il était incriminé. Il n’eût rien gagné à les nier. Il préféra, en s’avouant coupable, consacrer ses efforts à défendre ses complices. « Que l’Empereur daigne rendre