Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/328

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à la liberté des hommes qui languissent dans les prisons pour m’avoir témoigné trop d’intérêt, écrivait-il, le 13 mars, à Fouché. Je recommande ma malheureuse famille à la générosité de l’Empereur. » Goyon-Varouault nia toute participation au complot. Quand on lui présenta son rapport sur Brest, trouvé parmi les papiers de Chateaubriand, il affirma ne l’avoir pas fait pour le communiquer. Résolu à le conserver pour son instruction personnelle, il l’avait perdu. Cette réponse ne soutenait même pas l’examen. Boisé-Lucas fils essaya d’abord de démontrer qu’il n’avait pas eu de rapports avec Chateaubriand. Mais une servante affirma les avoir vus ensemble, ce qu’il n’osa contester plus longtemps quand il eut constaté que ses lettres étaient aux mains des juges. Boisé-Lucas père n’était accusé que d’avoir caché des suspects. Il était resté étranger à tous les détails du complot. Quant aux matelots Chauvel, Depagne et Quintal, ils avouèrent les services qu’ils avaient rendus. Quintal était de beaucoup le plus compromis. On lui reprochait des habitudes d’espionnage, celle de travailler pour les Anglais.

On questionna aussi les destinataires de lettres apportées à Paris par Boisé-Lucas fils. Caillé et Laya n’eurent aucune peine à démontrer leur parfaite innocence. La police témoigna moins de bienveillance à l’abbé Sicard. Elle invoquait contre lui l’empressement avec lequel il avait accueilli les ouvertures de Larivière. La preuve de cet empressement résultait d’une observation de Chateaubriand, relevée dans ses lettres à l’ancien conventionnel. Après lui avoir vanté le bon vouloir de l’abbé Sicard, il l’invitait « à n’en pas abuser pour ne point perdre un homme si intéressant pour l’humanité ». Le pauvre vieux prêtre fut interrogé à diverses reprises. On ne lui ménagea ni les dures paroles, ni les émotions.