Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/341

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C’est à cet état de choses que s’était, dès le premier moment, heurté Suzannet. Poursuivant la même tâche, d’Andigné, d’Autichamp, La Rochejaquelein, Sapinaud allaient rencontrer les mêmes difficultés que lui. Dans sa pensée, ce qui importait avant tout, c’était de mettre Nantes à l’abri d’un coup de main. Il considérait avec raison cette ville comme la clé de l’Ouest. Il voulait y introduire mille ou quinze cents Vendéens d’élite qui suffiraient à soutenir les royalistes, à paralyser les tentatives auxquelles pourrait se livrer la garnison dont les opinions bonapartistes n’étaient que trop connues.

Les ordres qu’il attendait n’arrivant pas, il envoya à Nantes un de ses amis, le comte de Flavigny, qui était venu le retrouver. M. de Flavigny essaya de s’entendre avec le commandant de place pour conserver au roi le fort et les portes de la ville. Le commandant fit part de ces démarches au général Foy, chef supérieur des troupes de la garnison. Celui-ci ordonna sur-le-champ de doubler les postes. Il déclara à Flavigny que, tant qu’il n’aurait pas reçu d’instructions propres à modifier sa conduite, il s’opposerait à tout emploi de moyens n’émanant pas de l’autorité militaire. Le général Foy avait servi la France sous l’Empire et la Restauration avec un égal dévouement ; il s’était toujours défendu d’être l’homme d’un parti. Il entendait continuer à servir son pays dans le même esprit et n’exécuter que les ordres qui lui seraient donnés par le ministre de la Guerre ou ses représentants. Il s’étonnait d’ailleurs du peu d’énergie déployé, en ces graves circonstances, par les autorités royales, du défaut d’entente qu’on remarquait à tous les degrés de la hiérarchie militaire et civile et plus encore de l’absence de toute résolution.

– Si l’on voulait sérieusement mettre Nantes en état de défense, disait-il à Flavigny, on adopterait les mesures