Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/342

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que vous ne cessez de réclamer. On pourrait alors résister. Mais on ne fait rien de ce qu’il faut. Le résultat est aisé à prévoir.

Sur ces entrefaites, arriva à Nantes le prince de La Trémoille. Il venait d’Angers, où il avait accompagné le duc de Bourbon. À Angers, le commandement militaire était exercé par le comte d’Autichamp. Cet officier général, ancien compagnon de Suzannet et de d’Andigné, croyait comme eux que, pour opposer à Napoléon une résistance efficace, il fallait recourir non aux troupes régulières, dont le dévouement était douteux, mais à des moyens insurrectionnels. Dès le 14 mars, ne recevant pas d’instructions, il avait envoyé à Paris un de ses aides de camp, afin de solliciter l’autorisation de faire un appel aux armes. Mais, le même jour, le duc de Bourbon entrait à Angers. Les instructions qu’il avait reçues en quittant Paris lui ordonnaient de procéder par des levées de conscrits, d’incorporer les Vendéens et les chouans dans des régiments de ligne, de les soustraire ainsi à l’influence de leurs anciens chefs. C’était tout juste le contraire de ce que conseillaient la sagesse, la raison, l’expérience du passé.

D’Autichamp s’éleva contre ce mode de procéder. Il adjura le duc de Bourbon de ne prendre aucun parti avant d’avoir parcouru le pays et d’être allé jusqu’à Nantes où Flavigny, de son côté, le suppliait de venir. Il fallait d’autant plus se hâter que les royalistes laissés sans ordres se décourageaient, tandis que les troupes de la garnison et leurs officiers, tout dévoués à la cause bonapartiste, ne prenaient même plus la peine de dissimuler leurs espérances. Mais le duc de Bourbon alléguait qu’il n’avait pas les pouvoirs nécessaires pour modifier les ordres du roi. Il refusa donc de se rendre à Nantes. Il autorisa seulement son major général, le