Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/345

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consentait à partir, d’Autichamp courut d’une traite à Beaupréau. Il y trouva un grand nombre d’officiers vendéens. Quelques-uns d’entre eux avaient converti le duc de Bourbon à l’idée d’une prise d’armes immédiate. D’autres pensaient qu’en ce moment un appel à l’insurrection n’avait aucune chance d’être entendu. Dans un conseil que présida le duc de Bourbon, cette opinion fut vigoureusement défendue par d’Autichamp, Suzannet et d’Andigné. On avait laissé échapper l’occasion propice. Ils le démontrèrent avec tant de force qu’une résolution d’entrée en campagne, votée la veille, avant leur arrivée, fut abandonnée. On renonça de même à expédier une proclamation du prince aux habitants de l’Ouest, déjà rédigée et prête à partir.

Ces décisions portent la date du 24 mai[sic]. Dans ses mémoires, d’Autichamp les justifie en ces termes : « C’était lorsque Bonaparte n’avait pas encore ressaisi le pouvoir en prenant possession de la capitale qu’il fallait seconder l’ardeur des Vendéens. Au contraire la chance n’était plus la même du moment qu’il venait de consolider ce pouvoir en usurpant le trône. » Ainsi, c’était partie remise. Il fallait attendre des jours plus favorables. Il ne restait au duc de Bourbon d’autre ressource que celle de s’éloigner. Il envoya à Angers un de ses aides de camp pour demander au colonel Noireau les passeports promis. Le 25 mars, l’aide de camp n’étant pas revenu, les conseillers du prince furent d’avis qu’il serait dangereux pour lui d’attendre et que, dans l’intérêt de sa sûreté, il devait quitter Beaupréau. Quelques officiers s’offraient pour le conduire de ferme en ferme jusqu’au bord de la mer. Il se mit en route à onze heures du soir, sans en donner avis à sa suite et en laissant même, pour la mieux tromper, des gardes à la porte du château d’Aubeterre. Il gagna la côte