Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

À supposer que les effectifs envoyés contre eux par Napoléon s’élevassent, comme il le supposait, à vingt-cinq mille soldats et gardes nationaux, la partie était à peu près égale, les chouans ayant sur leurs adversaires l’avantage que leur donnaient la connaissance du pays et l’habitude de la guerre d’embuscades. Mais encore fallait-il qu’ils eussent des armes. Or, en fait d’armes, ils possédaient quelques fusils de chasse et mousquetons, des faux, des fléaux, des fourches. C’était par trop insuffisant pour livrer bataille aux canons et aux solides fusils de l’armée impériale. Les chefs de ces bandes ne pouvaient songer, en de telles conditions, à attaquer l’ennemi.

Avant tout, il leur fallait de l’argent pour se procurer tout ce qui leur manquait. De Paris, on leur en promettait. Mais, en même temps, on leur recommandait de ne pas se mettre en mouvement avant que les hostilités fussent commencées aux frontières. Ils s’étaient donc donné parole de ne rien entreprendre tant que les alliés n’auraient pas commencé la guerre.

Brusquement, leur résolution se modifia. Le 11 mai, Auguste de La Rochejaquelein, le comte d’Autichamp et le comte de Suzannet s’étant rencontrés au château de la Barre, près la Chapelle-Basse-Mer, le premier communiqua aux deux autres des lettres qu’il venait de recevoir de son frère Louis. Dans ces lettres, datées de Londres, le marquis de La Rochejaquelein, en vertu des ordres de Louis XVIII, qu’il était allé chercher à Gand avant de venir en Angleterre, engageait ses amis à prendre les armes. Il leur promettait de prompts secours.

Suzannet et d’Autichamp rappelèrent aussitôt l’engagement, auquel avaient souscrit tous les chefs, de demeurer immobiles jusqu’à nouvel ordre. Commencer