Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/353

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de là, les bandes de Sapinaud dormaient. Elles ne se réveillèrent, au bruit de la fusillade, qu’alors qu’elles étaient déjà cernées de toutes parts. «  Les paysans s’enfuirent, dit d’Autichamp, sans chercher à se défendre. » Dans cette affaire, M. de Charette fut grièvement blessé. Il mourut peu de jours après des suites de ses blessures.

À ce moment, les Anglais étaient sans doute déjà fixés sur l’inutilité de la prise d’armes vendéenne et sur le sort auquel elle était destinée, car le 26 mai, le commandant de L’Astrée, qui était resté dans les eaux de Saint-Gilles après avoir débarqué des armes, écrivait à La Rochejaquelein que le revers que venait de subir l’armée royale le contraignait à obéir aux ordres primitifs qu’il avait reçus de retourner à Plymouth. « J’ai pris sur moi, ajoutait-il, d’après ma sollicitude pour votre sûreté personnelle, de rester deux jours de plus sur la côte, dans l’espérance que vous et vos amis pourrez me rejoindre. » Ainsi, la campagne commençait à peine et déjà la situation des chouans apparaissait comme désespérée.

À Paris, on la jugeait autrement. Les troubles qui venaient d’éclater en Vendée n’étaient-ils pas le prélude d’une prochaine victoire du parti royaliste qui entraînerait tout l’Ouest, rouvrirait la France aux Bourbons et les ramènerait aux Tuileries ? Cette question hantait bien des cervelles, tant était vivace encore le souvenir des anciennes insurrections vendéennes. Quoique quinze années se fussent écoulées depuis, ceux qui se rappelaient les exploits des chouans dans le passé prenaient au tragique leur nouvelle rébellion. Les royalistes s’en réjouissaient ; les bonapartistes s’en alarmaient.

L’Empereur appréciait plus justement la situation de