Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/52

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Il s’est perdu dans l’immense foule des agitateurs de ce temps, et probablement a péri dans des circonstances obscures, dont il ne nous reste aucun souvenir. Ce fut la destinée de la plupart d’entre eux.


IV

Au mois de mars 1800, Georges Cadoudal, convaincu, après une visite au premier Consul, qu’il allait être arrêté, avait quitté Paris, en compagnie d’Hyde de Neuville, pour se rendre en Angleterre. À l’issue d’un dîner qu’il avait offert à divers officiers avec lesquels il s’était trouvé en relation durant ses campagnes, il proposa à ses convives de les conduire à l’Opéra. À la porte du café d’Orsay, où avait lieu le repas, ils s’empilèrent dans des fiacres. Georges les suivait en cabriolet. Avant d’arriver sur le boulevard Saint-Martin, où était alors l’Opéra, il tourna dans la rue Saint-Denis, à l’extrémité de laquelle l’attendait, en chaise de poste, Hyde de Neuville. Quelques jours après, il arrivait à Londres. Mais dans le courant de juin, il revenait en Bretagne. La police n’eût-elle pas été avertie de son retour par ses espions de Londres qu’elle l’eût deviné, rien qu’à voir avec quelle vivacité se réveillaient dans le Morbihan les passions un moment apaisées.

Elle ne pouvait se méprendre davantage aux intentions de Georges et au caractère criminel de la mission dont il s’était chargé. Les papiers de l’agence anglaise, découverts en mai, l’avaient éclairée à cet égard. Elle savait que Georges revenait, créé cordon rouge par le comte d’Artois, investi du commandement de l’insur-