j’entrai, Irma Borel tenait cette boîte et allait l’ouvrir. Je n’eus que le temps de m’élancer et de la lui arracher des mains. « — Que faites-vous là ? » lui criai-je indigné… Elle prit son air le plus tragique : « J’ai respecté les lettres de votre mère ; mais celles-ci m’appartiennent, je les veux… Rendez-moi cette boîte. »
« — Que voulez-vous en faire ?
« — Lire les lettres qu’elle contient…
« — Jamais, lui dis-je. Je ne connais rien de votre vie, et vous connaissez tout de la mienne.
« — Oh Dani-Dan — C’était le jour du Turc — Oh ! Dani-Dan, est-il possible que vous me reprochiez cela ? Est-ce que vous n’entrez pas chez moi quand vous voulez ? Est-ce que tout ceux qui viennent chez moi ne vous sont pas connus ? »
« Tout en parlant, et de sa voix la plus câline, elle essayait de me prendre la boîte.
« — Eh bien ! lui dis-je, puisqu’il en est ainsi, je vous permets de l’ouvrir ; mais à une condition…
« — Laquelle ?
« — Vous me direz où vous allez tous les matins de huit à dix heures.
« Elle devint pâle et me regarda dans les yeux… Je ne lui avais jamais parlé de cela. Ce n’est pas l’envie qui me manquait pourtant. Cette mystérieuse sortie de tous les matins m’intriguait, m’inquiétait, comme la cicatrice, comme le Pacheco et tout le train de cette existence bizarre. J’aurais voulu savoir, mais en même temps j’avais peur d’apprendre. Je sentais qu’il y avait là-dessous