Page:Daudet - Le Roman du chaperon rouge, Lévy, 1862.djvu/93

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les démons.

Ça maintenant, damnés, à vos fournaises ; vous allez cruellement expier vos vacances d’un jour. Toi, Juif-errant, reprends ta course effrénée à travers les cercles ; torches de l’enfer, allumez-vous ; épandez-vous, rivières d’huile bouillante : ronflez, chaudières écarlates ! Que tout flambe ! que tout flambe, et qu’un immense hurlement de douleur aille avertir le roi du paradis que ses anges de l’enfer font vaillamment leur besogne. Allons, Juif-errant, en marche.

l’amant, levant ses poings calcinés vers le ciel.

En marche, soit ! et, puisqu’elle m’oublie, moi, je me souviendrai. Oui, ce beau pain blanc de l’amour, qu’elle refuse, moi, je veux m’en nourrir éternellement, éternellement m’en nourrir. Gardez donc votre bonheur, âmes infortunées, âmes du paradis. Il serait incomplet pour moi et je n’en voudrais jamais, au prix dont il se paie ; j’aime mieux mille fois cet enfer où l’amant se souvient, que votre paradis où la maîtresse oublie.


fin.