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LE POÈTE MISTRAL.

rent et vont donner l’aubade chez les autres conseillers. À ce moment, la mère de Mistral arrive.

En un tour de main la table est dressée : un beau linge blanc et deux couverts. Je connais les usages de la maison ; je sais que lorsque Mistral a du monde, sa mère ne se met pas à table… La pauvre vieille femme ne connaît que son provençal et se sentirait mal à l’aise pour causer avec des Français… D’ailleurs, on a besoin d’elle à la cuisine.

Dieu ! le joli repas que j’ai fait ce matin-là : — un morceau de chevreau rôti, du fromage de montagne, de la confiture de moût, des figues, des raisins muscats. Le tout arrosé de ce bon châteauneuf des papes qui a une si belle couleur rose dans les verres…

Au dessert, je vais chercher le cahier de poème, et je l’apporte sur la table devant Mistral.

— Nous avions dit que nous sortirions, fait le poète en souriant.

— Non ! non !… Calendal ! Calendal !