Page:Daudet - Lettres de mon moulin.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
204
LETTRES DE MON MOULIN.

vieux arbres géants tombent et roulent au fond des abîmes et quand Calendal redescend, il ne reste plus un cèdre sur la montagne…

Enfin en récompense de tant d’exploits, le pêcheur d’anchois obtient l’amour d’Estérelle, et il est nommé consul par les habitants de Cassis. Voilà l’histoire de Calendal… Mais qu’importe Calendal ? Ce qu’il y a avant tout dans le poème, c’est la Provence, — la Provence de la mer, la Provence de la montagne, — avec son histoire, ses mœurs, ses légendes, ses paysages, tout un peuple naïf et libre qui a trouvé son grand poète avant de mourir… Et maintenant, tracez des chemins de fer, plantez des poteaux à télégraphes, chassez la langue provençale des écoles ! La Provence vivra éternellement dans Mireille et dans Calendal.




— Assez de poésie ! dit Mistral en fermant son cahier. Il faut aller voir la fête.