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LETTRES DE MON MOULIN.

messieurs reçoivent leurs clients au café de la grand’place et donnent leurs consultations — les donnent-ils ? — entre l’absinthe et le champoreau.

C’est vers le café de la grand’place que le digne Iscariote s’achemine, flanqué de ses deux témoins. Ne les suivons pas.




En sortant du quartier juif, je passe devant la maison du bureau arabe. Du dehors, avec son chapeau d’ardoises et le drapeau français qui flotte dessus, on la prendrait pour une mairie de village. Je connais l’interprète, entrons fumer une cigarette avec lui. De cigarette en cigarette, je finirai bien par le tuer, ce dimanche sans soleil !

La cour qui précède le bureau est encombrée d’Arabes en guenilles. Ils sont là une cinquantaine à faire antichambre, accroupis, le long du mur, dans leurs beurnouss. Cette antichambre bédouine exhale — quoique en