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L’ARLÉSIENNE.

pauvre vieille se fit dresser un lit à côté de leur chambre… Les magnans pouvaient avoir besoin d’elle, dans la nuit.

Vint la fête de saint Éloi, patron des ménagers.

Grande joie au mas… Il y eut du châteauneuf pour tout le monde et du vin cuit comme s’il en pleuvait. Puis des pétards, des feux sur l’aire, des lanternes de couleur plein les micocouliers… Vive saint Éloi ! On farandola à mort. Cadet brûla sa blouse neuve… Jan lui-même avait l’air content ; il voulut faire danser sa mère ; la pauvre femme en pleurait de bonheur.

À minuit, on alla se coucher. Tout le monde avait besoin de dormir… Jan ne dormit pas, lui. Cadet a raconté depuis que toute la nuit il avait sangloté… Ah ! je vous réponds qu’il était bien mordu, celui-là…




Le lendemain, à l’aube, la mère entendit quelqu’un traverser sa chambre en cou-