en parlait à la jeune fille, moins pour l’éblouir que pour diminuer les distances sociales qui les séparaient. À la mort du Puyfourcat, le frère rachèterait Valmajour, ferait reconstruire le château et valoir ses titres de noblesse, puisqu’ils disaient tous que les papiers existaient.
À la fin de ces causeries, prolongées quelquefois jusqu’au crépuscule, Hortense restait longtemps silencieuse, le front appuyé à la vitre, à regarder monter dans un rose couchant d’hiver les hautes tours du château reconstruit, la plate-forme toute ruisselante de lumières et d’aubades en l’honneur de la châtelaine.
— Boudiou, qu’il est tard !… s’écriait la paysanne la voyant au point où elle voulait… Et le dîner de mes hommes qui n’est pas prêt ! Je me sauve.
Souvent Valmajour venait l’attendre en bas ; mais elle ne le laissait jamais monter. Elle le sentait si gauche et si grossier, indifférent d’ailleurs à toute idée de séduction. Elle n’avait pas encore besoin de lui.
Quelqu’un qui la gênait bien aussi, mais difficile à éviter, c’était Rosalie, auprès de qui les chatteries, les fausses naïvetés ne prenaient pas. En sa présence, Audiberte, ses terribles sourcils noirs plissés au front, ne disait plus un mot ; et dans ce mutisme montait, avec une haine de race, une colère de faible, sournoise et vindicative, contre l’obstacle le plus sérieux à ses projets. Son vrai grief était celui-là ; mais elle en avouait d’autres à la petite sœur. Rosalie n’aimait pas le tambourin, puis « elle ne faisait pas sa religion…