Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/123

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golfes, rivières, montagnes, et jusqu’à l’emplacement des principaux monuments de la ville.

Elle fut aussitôt étalée, et Tartarin, entouré de tous, se mit à l’étudier en suivant du doigt.

Bien cela ; ici, l’île de Port-Tarascon…, l’autre île en face, là…, le promontoire chose…, très bien… À gauche les récifs de coraux… parfaitement… Mais alors, quoi ? La ville, le port, les habitants, qu’est-ce que tout ça était devenu ?

Timide, bégayant un peu, Pascalon suggéra que peut-être il y avait là-dessous une farce de Bompard, si connu en Tarascon pour ses plaisanteries.

« Bompard peut-être, fit Tartarin… mais Bézuquet, un homme de toute prudence, de tout sérieux… Du reste, pour si farceur qu’on soit, on n’escamote pas une ville, un port, des bassins de carénage. »

À la longue-vue, on apercevait bien sur la côte quelque chose comme une baraque ; mais les récifs de coraux ne permettaient pas au navire d’approcher davantage, et, à cette distance, tout se perdait dans le vert noir des feuillages.