Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bras. Partout une odeur d’humide, de moisi, écœurante et fade.

À quelques débris de cloisons encore debout, on reconnaissait que la baraque avait été divisée en compartiments étroits comme des boxes d’écurie ou des cabines. Sur une de ces cloisons se lisaient en lettres d’un pied ces mots : Pharma… Bézu… Le reste avait disparu, mangé par la moisissure ; mais pour deviner « Pharmacie Bézuquet », il ne fallait pas être grand clerc.

« Je vois ce que c’est, dit Tartarin, ce versant de l’île était malsain, et après un essai de colonisation ils sont allés s’installer de l’autre côté. »

Puis, d’une voix décidée, il donna l’ordre au commandant Bravida de partir en reconnaissance à la tête de la milice : il pousserait jusqu’en haut de la montagne ; de là, explorerait le pays et verrait certainement fumer les toits de la ville.

« Dès que vous aurez pris le contact, vous nous avertirez par une mousquetade. »

Quant à lui, il resterait en bas, au quartier général, avec son secrétaire, son chapelain et quelques autres.