Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/219

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ainsi pensent à elles-mêmes ou à leurs demoiselles.

Excourbaniès, venu en ville dans la soirée, s’est mis du parti des dames et montrait les côtés faibles du mariage : ce beau-père sans tenue, ivrogne, cannibale ; puis la fiancée elle-même ayant selon toute vraisemblance, mangé du Tarasconnais. Tartarin aurait dû plus y réfléchir.

En entendant parler ce traître, je sentais la colère qui me montait et je suis sorti du salon bien vite, tant j’avais peur de lui envoyer un emplâtre dans la figure. On a le sang vif à Tarascon, outre !

Quitté de là, entré chez les des Espazettes. La marquise bien faible, toujours couchée, pauvre femme, répugnant toujours la soupe à l’ail de Tournatoire, m’a dit, sitôt qu’elle m’a vu « Hé bien, monsieur le chambellan, y aura-t-il des dames du palais près de la nouvelle reine ? »

Elle voulait rire ; mais tout de suite l’idée m’est venue qu’il y avait là quelque chose pour nous. Demoiselle d’honneur ou dame du palais, Clorinde habiterait la Résidence, on pourrait se voir à toute heure… Un tel bonheur serait-il possible !…